La panne Cloudflare novembre 2025 restera dans les mémoires. Elle figure parmi les perturbations les plus spectaculaires de l’histoire d’Internet. Le 18 novembre 2025, Cloudflare a connu sa pire défaillance depuis 2019. Ce géant américain gère environ 20% du trafic web mondial. Pendant près de trois heures, des millions d’utilisateurs n’ont pas pu accéder à leurs sites préférés. En effet, l’incident a touché des plateformes majeures comme ChatGPT, X (Twitter), Spotify ou encore Discord. Par conséquent, cet événement soulève des questions fondamentales sur la résilience de notre infrastructure numérique.
Qu’est-ce que Cloudflare ?
Cloudflare est une entreprise américaine basée à San Francisco. Elle se spécialise dans la sécurité et l’optimisation des performances web. Fondée en 2009, elle s’est imposée comme un acteur incontournable. En effet, elle propose une gamme complète de services essentiels au bon fonctionnement du web moderne.
Le rôle central dans l’infrastructure Internet
Cloudflare agit comme un immense reverse proxy pour le trafic web mondial. Concrètement, l’entreprise se positionne comme un intermédiaire entre les sites web et les internautes. Elle joue plusieurs rôles cruciaux. D’abord, elle améliore les performances en réduisant les temps de chargement. Pour ce faire, elle utilise son réseau de distribution de contenu (CDN). Ensuite, elle protège contre les cyberattaques. Notamment, elle bloque les attaques par déni de service distribué (DDoS). Enfin, elle garantit la disponibilité des pages web.
Au fil des années, Cloudflare est devenu une infrastructure vitale. Elle sécurise et accélère la distribution de contenu pour des millions de sites. Sa popularité s’explique en grande partie par son offre gratuite. Cette dernière profite énormément aux petites entreprises et aux PME. Toutefois, cette hyper-centralisation crée une sorte de point de défaillance unique. Ainsi, le moindre problème technique peut entraîner l’indisponibilité d’une grande partie d’Internet.
Panne Cloudflare novembre 2025 : chronologie complète
Le début de l’incident
La panne Cloudflare a débuté à 11h20 UTC le mardi 18 novembre 2025. Cela correspond à 12h20 heure de Paris. Les premiers signes d’indisponibilité sont apparus à 12h28. À ce moment-là, les sites web ont commencé à afficher des pages « Internal server error ». Les sites sont tombés les uns après les autres. Par conséquent, une véritable onde de choc s’est propagée sur Internet.
À 12h48, Cloudflare a publié un premier communiqué. Il est apparu sur sa page de statut. Le message indiquait : « Cloudflare connaît actuellement une dégradation interne de ses services ». De plus, l’entreprise précisait que certains services pouvaient être affectés de manière intermittente. L’incident a été associé au réseau global de Cloudflare. Cela laissait présager une perturbation d’ampleur mondiale.
Identification et résolution
À 14h09 (heure de Paris), Cloudflare a identifié l’origine du problème. L’entreprise a alors indiqué qu’une solution était en cours de mise en œuvre. Elle a précisé avoir apporté des modifications. Celles-ci permettaient à Cloudflare Access et WARP de fonctionner à nouveau. À 14h30 UTC, soit 15h30 heure de Paris, la cause profonde a été résolue. Progressivement, le trafic principal est revenu à la normale.
Depuis 15h42, Cloudflare a considéré l’incident comme résolu. L’entreprise a déclaré : « Une correction a été mise en œuvre ». De plus, elle a ajouté : « Nous pensons que l’incident est désormais résolu ». Néanmoins, la surveillance des erreurs s’est poursuivie. La restauration complète du service s’est produite à 17h06 UTC. Cela représente près de six heures après le début de l’incident.
L’origine technique de la défaillance
Une erreur de configuration ClickHouse
Contrairement aux premières craintes, il ne s’agissait pas d’une cyberattaque. Matthew Prince, PDG de Cloudflare, a confirmé cette information. Le problème n’était « pas causé par une cyberattaque ou une activité malveillante ». Au départ, les ingénieurs avaient soupçonné une attaque massive par déni de service. Cependant, ils ont rapidement identifié la véritable cause.
L’incident trouve son origine dans une modification de routine. Celle-ci concernait les autorisations d’une base de données ClickHouse. L’objectif était d’améliorer la sécurité du cluster de serveurs. Or, ClickHouse est un système de gestion de base de données. Cloudflare l’utilise pour centraliser les données nécessaires. Ces dernières servent à générer automatiquement un fichier distribué aux proxys du réseau.
Le fichier de fonctionnalités défectueux
Cette modification apparemment anodine a causé un problème majeur. En effet, elle a provoqué le doublement de taille d’un fichier critique. Ce « fichier de fonctionnalités » est utilisé par le système de gestion des bots. Le fichier surdimensionné a alors dépassé les limites programmées. Par conséquent, cela a déclenché des défaillances en cascade sur le réseau mondial.
Le problème était d’autant plus complexe pour une raison précise. L’attribution du nouveau compte utilisateur ne s’est pas faite instantanément. Tous les serveurs du cluster n’ont pas été mis à jour en même temps. Entre 11h30 UTC et 13h00 UTC, un scénario chaotique s’est produit. Tantôt un serveur mis à jour lisait incorrectement deux bases de données. Tantôt un serveur pas encore à jour lisait correctement une seule base de données.
Un cycle infernal de récupération
Le fichier défectueux se régénérait automatiquement toutes les cinq minutes. Ainsi, cela créait un cycle vicieux. Le réseau récupérait brièvement avant de retomber en panne. Ce schéma fluctuant a persisté pendant environ trois heures. Principalement, il affectait les sites web qui utilisent les fonctionnalités de blocage de bots. Les utilisateurs recevaient des codes d’erreur HTTP 5xx. Ces codes indiquent une erreur interne du serveur.
L’ampleur de l’impact mondial
Des millions d’utilisateurs affectés
La perturbation de novembre 2025 a eu des conséquences massives. Elle a touché l’ensemble de la planète. DownDetector a enregistré plus de 11 000 rapports au pic de l’incident. Ce site est la référence pour suivre les pannes de services en ligne. Fait notable, DownDetector lui-même a été impacté par la panne. Cela souligne l’omniprésence de Cloudflare dans l’infrastructure web.
Parmi les plateformes affectées figuraient des géants de l’Internet. ChatGPT, Canva, X (Twitter), Spotify et Discord ont tous été touchés. De même, Perplexity, Gemini, Letterboxd, Bet365 et League of Legends ont subi des perturbations. En France, des sites populaires comme Doctissimo, Marmiton et Les Numériques ont été indisponibles. Même des services comme Decathlon ont été impactés. IT-Connect, au même titre que des milliers d’autres sites, a également été affecté.
Un point de défaillance unique
Cet incident met en évidence une dépendance critique. La majorité du web dépend fortement de Cloudflare. Environ 20% du trafic Internet mondial transite par ses serveurs. Par conséquent, toute défaillance de l’entreprise a des répercussions démesurées. Cette concentration de services essentiels pose une question importante. Comment assurer la résilience de l’infrastructure Internet moderne ?
Matthew Prince, PDG de Cloudflare, a reconnu cette responsabilité. Il a présenté des excuses publiques. Il a déclaré : « Compte tenu de l’importance de Cloudflare dans l’écosystème Internet, toute panne est inacceptable ». De plus, la propre page de statut de Cloudflare est tombée en panne. Cela a brièvement alimenté les soupçons d’une attaque externe.
Les mesures correctives annoncées
Renforcement des protections
Face à la gravité de l’incident, Cloudflare s’est engagé. L’entreprise mettra en place plusieurs mesures préventives. L’objectif est d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. D’abord, elle promet de renforcer le contrôle de l’ingestion des fichiers. Ses systèmes génèrent ces fichiers automatiquement. Désormais, elle les mettra sur le même plan que les fichiers générés par les utilisateurs.
Des protections de taille de fichier plus strictes seront implémentées. Cette mesure évitera que des fichiers surdimensionnés ne dépassent les limites. En effet, ces limites sont programmées dans le logiciel de routage. Cette mesure vise directement la cause technique. Elle cible spécifiquement la panne Cloudflare de novembre 2025.
Interrupteurs d’arrêt d’urgence
Cloudflare prévoit également d’ajouter des interrupteurs d’arrêt d’urgence globaux. Ces mécanismes concerneront les configurations critiques. Ils permettront d’intervenir rapidement en cas de problème. Notamment, ils stopperont la propagation d’une configuration défectueuse. Ainsi, l’effet domino observé lors de cette panne sera évité.
L’entreprise compte aussi supprimer certaines possibilités. Il s’agit de génération automatique qui pourraient créer des situations similaires. De plus, des examens complets des modes de défaillance sont prévus. Ces audits concerneront ses systèmes principaux. L’objectif est d’identifier et de corriger d’autres vulnérabilités potentielles.
Contexte : une série de pannes majeures
Fragilisation de l’infrastructure Internet
L’incident chez Cloudflare en novembre 2025 s’inscrit dans un contexte préoccupant. Une série de pannes d’infrastructure majeures s’est produite ces derniers mois. En octobre 2025, Amazon Web Services (AWS) a connu des perturbations significatives. Peu de temps après, des problèmes ont affecté Microsoft Azure. Cette accumulation de défaillances soulève des préoccupations croissantes.
Ces événements mettent en lumière des effets d’entraînement potentiellement dévastateurs. Les fournisseurs fondamentaux d’infrastructure connaissent des défaillances techniques. Ces dernières créent des réactions en chaîne. La concentration des services Internet chez un nombre limité d’acteurs crée une situation problématique. Il s’agit d’une véritable vulnérabilité systémique.
Comparaison avec la panne de 2019
Cloudflare qualifie cet incident du 18 novembre 2025 comme sa « pire panne depuis 2019 ». En 2019, une panne avait été déclenchée par le déploiement d’une règle WAF. Cette règle concernait la détection XSS (Cross-Site Scripting). Un problème d’expression régulière (regex) avait alors entraîné une surconsommation CPU. Les nœuds gérant le trafic HTTP(S) avaient été surchargés. Cela avait provoqué la chute du proxy principal et du CDN.
La comparaison entre ces deux incidents révèle une constante préoccupante. Des modifications apparemment mineures dans des systèmes complexes peuvent avoir des conséquences démesurées. Celles-ci se répercutent à l’échelle mondiale. Cette fragilité intrinsèque des systèmes informatiques distribués pose des défis considérables. Maintenir la fiabilité d’Internet devient de plus en plus complexe.
Le débat sur la centralisation d’Internet
Un quasi-monopole problématique
L’incident du 18 novembre relance le débat sur la centralisation excessive. L’infrastructure Internet est trop concentrée. Une simple erreur de configuration chez un seul acteur peut paralyser 20% du web mondial. Cela interroge sur la viabilité de ce modèle. Certains observateurs s’inquiètent. Ils estiment que tout le monde semble ne pas se poser de questions. Ce quasi-monopole d’une seule structure peut facilement faire tomber tout le système.
Toutefois, il convient de nuancer ce constat. Les utilisateurs restent libres de choisir d’autres fournisseurs. Une entreprise combine CDN sécurisé, reverse proxy et protections avancées. Elle tombe en panne très rarement, environ une fois par an. Face à d’autres options où l’on paie à l’utilisation, le choix se fait naturellement. Ces alternatives sont souvent moins fiables.
La fiabilité comme facteur explicatif
La position dominante de Cloudflare s’explique principalement par sa fiabilité relative. L’accessibilité de ses services joue également un rôle important. Les services similaires moins répandus tombent eux aussi en panne. Cependant, c’est moins médiatisé car l’impact est plus limité. Au final, c’est la fiabilité et l’accessibilité de Cloudflare qui expliquent sa position dominante. Néanmoins, cela implique des avantages et des débats.
Il est important de rappeler qu’aucun système n’est fiable à 100%. Les pannes font partie du cycle de vie normal de tout service informatique. Certaines sont simplement plus importantes. D’autres sont plus médiatisées en raison de l’ampleur de leur impact.
Leçons et perspectives d’avenir
Vers une meilleure résilience
Cet incident souligne la nécessité de repenser la résilience. L’infrastructure Internet doit être plus robuste. La dépendance excessive envers quelques acteurs majeurs crée des risques systémiques. Une plus grande diversification pourrait atténuer ces risques. Les entreprises utilisant les services de Cloudflare devraient envisager des stratégies alternatives. Notamment, elles pourraient mettre en place de la redondance. De même, un basculement vers d’autres fournisseurs serait judicieux.
Cloudflare, de son côté, a démontré une transparence appréciable. L’entreprise a rapidement publié un post-mortem détaillé de l’incident. Cette approche ouverte permet à l’ensemble de l’industrie d’en tirer des leçons. Ainsi, les autres acteurs peuvent améliorer leurs propres systèmes.
L’importance de la prévention
La panne Cloudflare novembre 2025 rappelle que la prévention reste primordiale. Les mesures correctives annoncées par Cloudflare constituent des améliorations essentielles. Notamment, les protections de taille de fichier plus strictes sont cruciales. De même, les interrupteurs d’arrêt d’urgence globaux sont indispensables. Ces mécanismes devraient permettre de détecter les erreurs plus rapidement. En outre, ils permettront d’arrêter la propagation d’erreurs de configuration. L’objectif est d’agir avant qu’elles n’affectent l’ensemble du réseau.
Comprendre les implications économiques
Un coût difficile à chiffrer
L’impact économique d’une telle panne est considérable. Cependant, il est difficile à quantifier précisément. Pendant près de trois heures, des millions de sites web ont été indisponibles. De même, de nombreux services ont été inaccessibles. Cela a entraîné des pertes de revenus pour les entreprises de e-commerce. Les plateformes de streaming ont subi des interruptions de service. Les services professionnels ont également été perturbés.
Les secteurs les plus touchés incluent le commerce en ligne. Le divertissement numérique a également été fortement impacté. Les médias sociaux et les services de productivité ont subi des perturbations. Pour certaines entreprises, quelques heures d’indisponibilité peuvent représenter des pertes considérables. Ces pertes se chiffrent potentiellement en millions d’euros.
La confiance mise à l’épreuve
Au-delà des pertes financières directes, ces pannes récurrentes peuvent éroder la confiance. Les utilisateurs et les entreprises sont affectés. Les grands acteurs de l’infrastructure Internet subissent ces incidents à répétition. Chaque incident renforce le sentiment d’une fragilité sous-jacente. Le web moderne semble potentiellement vulnérable. Des défaillances techniques en cascade peuvent survenir à tout moment.
La question se pose pour les décideurs. Faut-il continuer à concentrer ses services chez quelques acteurs dominants ? Ou faut-il diversifier au risque de perdre en efficacité ? La simplicité de gestion pourrait également être compromise. Cette tension entre efficacité opérationnelle et résilience systémique est cruciale. Elle définira probablement les choix stratégiques des années à venir.
